Promenade

Il doit être environ dix huit heures. La journée à l’Académie est passée tellement vite ! J’ai l’impression d’y être depuis toujours, comme si tout ce que j’avais vécu avant n’existait plus, ou appartenait à un passé lointain et oublié. Cette sensation est étrange, déroutante. Je n’ai pas l’impression d’avoir perdu mon temps, ici. Il y a tellement de choses à apprendre, que tout le monde y trouve son compte, malgré des différences au niveau de la perception que chacun avait de son chakra, et du reste, d’ailleurs. Le soleil est encore haut, les journées d’été sont vraiment plus agréables ! La chaleur est réconfortante, je vais sans doute prendre un petit détour avant de rentrer à la maison. Ilne pourra rien me dire, tant que je rentre avant le coucher du soleil. Ca me laisse encore un peu de temps pour être tranquille.

Je décide de longer les oasis de Suna, c’est un chemin plus paisible que les rues forcément bondées à cette heure de la journée. Quelques promeneurs s’arrêtent parfois sur les quais, pour se reposer un moment. Ils ont l’air détendus, amusés, même, malgré la menace qui plane sur Suna, celle d’une guerre entre les villages ninjas. Une guerre comme il n’en était pas arrivé depuis longtemps. A la pensée que ce village, dans lequel j’ai passé toute ma vie, et pour lequel je devrai un jour mourir, puisse devenir un champ de bataille, j’ai l’impression que tout s’écroule. Il ne me reste plus qu’à travailler dur, à m’entraîner toujours plus pour pouvoir le défendre, et me battre pour lui. C’est tout ce que j’ai à faire, maintenant.

Profitant de ces quelques minutes de paix, avant de rentrer, je m’assied en haut d’un des petits ponts, une jambe repliée contre moi, l’autre se balançant dans le vide. Je regarde l’eau, ça m’occupe. Je n’ai vraiment aucune envie de rentrer chez moi, j’aimerai rester là, à ne rien faire d’autre que regarder l’eau couler, avant de retourner à l’Académie. Mes pensées sont distraites par l’arrivée de quelqu’un, derrière moi. Une présence que je n’ai pas ressentie depuis longtemps, vraiment longtemps. C’était un tout autre temps, celui où je vivais encore avec mon père. Je me retourne. La silhouette d’un garçon de mon âge se dessine au milieu des rayons de soleil que je me prends dans la figure, m’empêchant de voir autre chose qu’une forme noire. Je mets ma main en visière, et j’arrive à discerner quelques traits, que rien ne rapproche, dans ma mémoire, à un visage connu. Le garçon, lui sourit. Il me connaît. Qui… ?

Puis le souvenir me revient. Un jour de printemps, avec mon père. J’étais exactement ici, sur ce pont. Il est arrivé avec ses parents, je crois. Mais je ne me souviens plus de leur visage. Je me rappelle juste de ce petit garçon. Nous avions beaucoup parlé. Nous parlions de notre village, de ce que nous voulions devenir… C’était un temps où je pouvais librement parler de tout. Aucune marque gravée sur mon front ne m’ôtait mes libertés, j’étais libre de ce que je faisais, de mon avenir, de mes projets. Je voulais que nous devenions Shinobi ensemble, lui et moi. Je voulais pouvoir me battre pour mon village, atteindre un idéal de grandeur, qui a aujourd’hui complètement disparu. Ma mission est de protéger notre kazekage, quoi qu’il arrive. Le doux temps de l’égoïsme a dû prendre fin, pour moi, à six ans. Maintenant que mes anciens rêves me reviennent, j’ai encore moins envie de retourner à la maison…

» ~ Promenade dans les rues ~